Le Sentier de l’Imbut et la remontée par le Sentier Vidal forment le plus beau, le plus spectaculaire, le plus impressionnant et le plus technique des itinéraires des Gorges du Verdon. Ce parcours est apparemment le plus beau, mais aussi le plus difficile de la région. Il faut s’y aventurer avec de la volonté. Pour moi, cette journée restera inoubliable, sensationnelle.
Sensations garanties !
Au départ de l’Auberge des Cavaliers à Aiguines, le sentier dévale d’abord la montagne, vers ce joyau vert émeraude, qui semble encore inaccessible vu d’en haut. La hauteur déséquilibre un peu. Elle donne presque le vertige, alors que nous dominons ce canyon, le plus grand d’Europe. Le chemin accidenté donne directement le ton : il va falloir être attentive tout au long du parcours. Les (bonnes) chaussures de randonnée sont indispensables pour affronter ces terrains rocheux marqués par l’érosion.
Nous sommes fin juin et il fait déjà très chaud ce matin. Il est important de prendre 1,5 ou 2 litres d’eau avec soi pour partir sur le Sentier de l’Imbut. La descente sur 340 mètres de dénivelée nous emmène au cœur de la forêt, jusqu’à la rivière. Les parfums des sous-bois flottent dans les airs, tandis que nous commençons déjà à transpirer. Les arbres nous protègent bien de la chaleur écrasante. Des rampes nous aident à descendre. On ressent d’abord sa fraicheur avant de l’entendre, puis enfin de le voir, le Verdon.
Je suis subjuguée et hypnotisée par sa couleur, si éclatante. Je n’ai jamais rien vu de pareil. Je suis émerveillée par le contraste de l’eau, des roches, des arbres. Le spectacle est grandiose. La couleur est due aux fonds argileux et aux micro-algues. Dans les eaux vives, les rochers gris blanc et l’argile du sol confèrent à l’eau une teinte turquoise, plus claire.
Le sentier longe la rivière jusqu’à la passerelle toute neuve qui remonte au Chalet de la Maline. On peut prendre la passerelle de l’Estellier et continuer en face sur le Sentier Martel. C’est le chemin de randonnée le plus connu (et le plus fréquenté) du Verdon. Comme nous avons choisi de faire l’Imbut, nous ne la traversons pas et continuons le long de l’eau tumultueuse, imprévisible. Je n’arrive pas à la quitter des yeux.
Le sentier continue, se rétrécit et passe la corniche du Vieux Cade, et son genévrier qui aurait 3000 ans. On marche au bord de la falaise, avec la rivière qui appelle. Il vaut mieux ne pas se baigner, des panneaux rappellent d’ailleurs que c’est interdit, dangereux. Nous sommes suivies par un groupe qui pratique le canyoning, encadré par un guide. Ça doit être génial !
Escaliers dans la roche, rampes en métal, le parcours prend des airs de via ferrata. On s’accroche, on avance doucement à notre rythme, en essayant de ne pas regarder en bas. Il faut bien regarder où on met les pieds par contre.
Nous arrivons au « Styx« , le canyon dans le canyon. Le « Styx » est dans la mythologie grecque, l’un des fleuves menant aux Enfers. Le ton est donné ! Le bruit du torrent est assourdissant, l’eau est rapide, impressionnante. Elle s’engouffre sous la montagne, comme avalée dans la roche. Encore une fois, le spectacle est fabuleux, je me sens toute petite face à ces paysages.
On atteint ensuite le « Maugué« , un chemin creusé dans la roche, qui surplombe la rivière. Le passage est étroit et glissant. Une main courante sécurise le passage. Le sentier continue dans les bois et monte jusqu’à la bifurcation du Sentier Vidal. Les mollets sont déjà chauffés à blanc, mais ce n’est encore rien comparé à ce qui nous attend… La remontée va être éprouvante, mais fantastique.
Le départ du Sentier Vidal, est déjà très impressionnant. Taillé à même la roche dans un mur vertical, il est étroit, sécurisé par une rampe, et il est haut d’une quarantaine de mètres. Je grimpe tranquillement, prends de la hauteur, tandis que le Verdon s’éloigne. Le Sentier Vidal doit son nom à un ingénieur qui l’a créé lors de travaux pour aménager le Verdon au début du vingtième siècle. C’était une voie de secours pour les ouvriers.
Arrivée en haut du mur, le sentier continue ensuite, très raide, dans les bois. C’est pour moi la partie la plus éprouvante de la randonnée. Je m’accroche, pas après pas, aux racines et aux branches, je continue malgré la douleur. Pas le choix, il faut avancer, le sentier est interdit dans le sens de la descente.
Le chemin longe une grotte. Ce n’est pas la première grotte que nous voyons. Il vaut mieux passer devant discrètement pour ne pas gêner les chauves-souris, qui s’y abritent. Un passage câblé, puis une échelle agrémentent la fin du parcours avant de rejoindre la route. Comme nous, profitez un instant des derniers panoramas sur le canyon et les montagnes.
Ce n’est pas encore fini ! La dernière partie file à travers bois, sur environ deux kilomètres, pour rejoindre l’Auberge des Cavaliers. C’est long… Après un tel effort, ces deux derniers kilomètres semblent infinis.
Le Sentier de l’Imbut et la remontée par le Sentier Vidal offrent une randonnée exceptionnelle. Des paysages extraordinaires, des panoramas à couper le souffle, qui se méritent. Certains passages à fleur de falaise et au travers des blocs rocheux peuvent s’avérer difficiles.
Informations pratiques
Conseils : ne pas faire cette randonnée par temps de pluie ni l’hiver, le sol étant très glissant. N’oubliez pas d’emporter de l’eau, de quoi manger (j’ai pris des bananes et des barres protéinées !). Les chaussures de randonnée sont obligatoires.
Point de départ et parking : Auberge des Cavaliers, Aiguines (parfait pour boire un rafraichissement en fin de rando. Mais contentez-vous du verre, il parait que la cuisine n’est pas terrible)
Distance : 10 km
Durée moyenne: entre 4h30 et 6h selon votre rythme et vos pauses éventuelles.
Point haut : 943m / Point bas : 533m
Difficulté : Très difficile
Site utile : Les Gorges du Verdon Tourisme
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